Mai 2019
Par Christian Tanon

 

Cher visiteur de l’Escale,

Ne nous demandez pas pourquoi nous vous offrons du café et du temps d’écoute bienveillante.
Non, nous ne sommes pas une secte !
Non, nous n’attendons rien en retour !
Le faisons-nous parce que nous sommes chrétiens ? Peut-être… mais d’autres qui ne croient pas font autant sinon mieux que nous ! Alors ne nous posez pas trop de questions…

Cher lecteur, ne demandez pas aux bénévoles pourquoi ils consacrent 4h de leur temps, les uns chaque semaine, les autres chaque mois, à assurer les permanences, car vous auriez des réponses très variées et les vraies motivations sont leur jardin secret.

Quelques exemples

Ne demandez pas à JD, un habitué de l’Escale pourquoi il a accueilli chez lui un sdf qu’il ne connaissait pas.
Il faisait froid ce soir-là. A la fin de notre partage au moment de se quitter, JD se tourne vers le jeune en disant : « tu ne vas quand même pas coucher dehors ce soir ? Viens chez moi ! »

Pourquoi JD a-t-il pris ce risque ?
Est-ce grâce à la confiance qui s’est peu à peu instaurée à l’Escale ?
Est-ce parce qu’il a lui-même connu une situation de précarité ?

Ne cherchez pas à savoir.
Mais si vous insistez il vous dira “je ne sais pas pourquoi, mais je sais que cela me donne de la joie. »
Et cette joie fut décuplée quand il apprit que le jeune sdf avait trouvé un logement dix jours plus tard et que ses papiers étaient en voie de régularisation.

Une béatitude dans les Psaumes fait écho à ce qui s’est passé ce soir-là :
Heureux celui qui s’intéresse au pauvre !
L’Eternel le garde et lui conserve la vie. Il est heureux sur la terre. Ps. 41. 2

Prenons un autre exemple : un étudiant africain, contraint de rentrer au pays pour raison administrative (il lui restait une année pour avoir son diplôme d’expert-comptable) est venu à l’Escale. Par je ne sais quel miracle et à l’aide de nos prières il a pu résoudre son problème. Ne demandez pas pourquoi…

Certains diront c’est magique, d’autres : c’est la fraternité et d’autres encore invoqueront l’Esprit Saint qui répond à nos prières.

Il y a des questions à ne pas poser …

Mai 2019
Par Christian Tanon

 

En paraphrasant le commandement de Jésus Christ à ses disciples : « comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres », je propose : Comme j’ai intercédé pour vous, inter s’aidez-vous les uns les autres. C’est ce que nous vivons à l’Escale, lorsque nous prions les uns pour les autres, que ce soit en présence des intéressés, ou en leur absence.

Voici une prière d’intercession entendue au cours d’un culte, et dont l’auteur est un habitué de l’Escale :

« Seigneur, aide-nous à écouter, aide-nous à accueillir, aide-nous à faire place à la bonne nouvelle, celle qui enjambe nos différences et qui entame notre indifférence.
Toi qui nous acceptes boiteux comme Jacob devenu Israël, afin que nous puissions zigzaguer entre les tentations du monde,
Toi qui nous a choisis libres comme le fils prodigue pour pouvoir fêter avec ferveur notre retour à la vie,
Toi qui nous supportes embarrassés de la langue comme Moïse, afin que ta parole chemine en nous lentement, comme un souffle fragile dessinant sur le sable,
Veuille accueillir dans notre écoute, qui est aussi ton écoute, celles et ceux qui franchissent la porte de l’Escale.
Celles et ceux que le monde et ses idoles découragent.
Celles et ceux qui ont un lourd fardeau à déposer.
Aide-les je t’en prie à deviner ta lumière même quand elle est cachée dans la pudeur de l’ombre.
Aide-les aussi, si tu le veux bien, à se fier à l’invisible pour les yeux. À se fier à ce qui est inaudible pour l’oreille de l’opinion et pour l’oreille du jugement.
Merci de nous aider à découvrir chaque jour combien donner enrichit, partager nourrit, accueillir l’obscur en nous comme un enfant dérouté nous apprivoise à nous-même et à l’espérance de ton Royaume. »

C’est bien de prier, mais ne faut-il pas aussi agir ? Il m’arrive dans ma prière d’intercession de penser à une action concrète qui peut aider l’autre, comme par exemple de l’appeler tout simplement pour lui demander de ses nouvelles.

Alors inters’aidons-nous les uns les autres !