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Réflexions fondées sur l’expérience de L’Escale
Réflexions fondées sur l’expérience de L’Escale
L’Escale Port-Royal
47 rue Henri Barbusse
RER Port Royal (en sortant, 2 fois à g.)
Bus 91, 83, 38
Le pasteur Christian Tanon et son équipe vous accueillent tous les jours (sauf dimanche et lundi)
de 16h à 20h
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Réflexions post-Covid
Le Covid 19 nous a-t-il éloigné les uns des autres ? Avons-nous perdu en compassion ?
Les Evangiles ne nous rapportent pas d’épidémie de virus au temps de Jésus, mais il y avait un interdit : ne pas toucher à un mort ! Dans la parabole du Bon Samaritain les prêtres et autres religieux ne s’étaient pas approchés de l’homme tombé à terre. Seul le Samaritain s’est rendu proche de l’homme blessé. Pendant l’épidémie du Covid 19 les soignants se sont rendus proches des malades non sans prendre des gros risques. Un détail de l’Evangile peut passer inaperçu : « il fut ému de compassion ». Littéralement : « ses entrailles frémirent ». Faut-il frémir de compassion à chaque fois qu’on vient en aide à une personne malade, blessée, isolée, ou un handicapée ? Faut-il « souffrir avec » l’autre ? (com-passion)
Je ne crois pas. Il y en a un qui l’a fait pourtant, c’est Jésus, sans même prendre de précaution thérapeutique, quand il touchait les lépreux pour les guérir. Mais nous ne sommes pas Jésus… La compassion est une émotion qui ne se commande pas. Elle surgit en nous comme surgit la joie, la colère ou la peur. Si elle nous envahit parfois, tentons de la canaliser pour qu’elle ne s’impose pas à l’autre qui a seulement besoin d’attention, d’écoute et de compréhension.
A l’Escale, qui a dû fermer son local pendant 3 mois, nous nous sommes rendus proches les uns des autres à travers les partages bibliques sur audio-conférence. 86 personnes ont participé et participent encore, par groupes de 7 ou 8, à raison d’une réunion par semaine. Jésus Christ n’avait pas besoin de composer le code secret pour nous rejoindre ! Il était déjà présent dans la salle électronique avant qu’on n’y accède !
Témoignage de Pauline
Partout, en même temps, unis par un même sort, les habitants de la terre redevenus troglodytes, ont fait l’expérience inédite du confinement : privation d’espace, mais surabondance de temps. L’homme a besoin de jouir des deux dimensions. Oui, mais que faire quand l’une des deux vient à manquer ? La privation d’espace fut ressentie comme la privation de liberté. Faisant peu de cas du temps, les gens ont oublié combien ils en manquent, pourtant, dans la vie « normale ». Car le temps aussi, c’est la liberté, et c’est même le luxe suprême ! Pendant deux mois, l’occasion leur a été offerte d’en faire l’expérience.
Cette expérience du temps qui libère et nous rapproche de notre centre, je la fais avec gourmandise chaque jour, depuis les trois années et demi que je suis à la retraite. Pendant le confinement, je me suis donc réjouie de ce que tout le monde puisse vivre une telle expérience – sans avoir à attendre l’âge requis ! J’ai espéré, en extrapolant un peu mon cas personnel, que tout le monde serait heureux de cette parenthèse synonyme de retrouvailles, de retour aux sources – qui avec son conjoint, qui avec ses enfants, qui tout seul avec soi-même en ses jardins intérieurs…
Il est vertigineux de se mettre ainsi à l’échelle de la planète ! Au diapason de l’humanité tout entière ! C’est ce que l’on éprouve, parfois, quand on prie ardemment et qu’on demande à Dieu de protéger notre pauvre monde.
En me promenant dans mon quartier, j’ai beaucoup écouté vivre les gens, derrière leurs fenêtres : cris d’énervement qui fusent, rires d’enfants, caprice d’un bébé, bruit d’une casserole qui tombe… Cela m’a beaucoup touchée et émue de les imaginer, soudain infiniment fragiles et menacés, dans leur cocon. Cela m’a rapprochée d’eux. Pour moi, ce condensé sonore d’humanité valait toutes les images diffusées par les médias. Sans les voir, mais juste en les entendant, c’était un peu comme si je me trouvais au-dessus d’eux, à la place de Dieu qui voit tout, comprend tout, pleure avec nous. Comment, en effet, dans une période aussi grave, ne pas penser à Lui ? Comment ne pas L’invoquer ?
Deuxième observation, plus « terre à terre » : le besoin inné de l’homme de rompre l’isolement et de communiquer avec ses semblables. Sur tous les continents, spontanément, se sont fabriquées et échangées des vidéos domestiques montrant les mille et une manières de sublimer son confinement. L’humour était roi, comme toujours en temps de guerre ou de résistance. J’ai été éblouie de découvrir les trésors d’inventivité de mes contemporains. Cela m’a réconciliée avec les outils numériques : j’ai vu qu’ils pouvaient servir de belles causes et relier les gens utilement.
Et que dire des vidéos d’artistes ! Dans des conditions improbables, ils ont réalisé pour nous, gratuitement, des performances magnifiques : ballet de l’Opéra de Paris, chanteurs du Bolchoï, Fables de La Fontaine récitées par Fabrice Lucchini, contes pour enfants… !
On peut dire que le rêve de Malraux de la « culture pour tous » s’est vraiment réalisé pendant ces deux mois de confinement.
Je salue aussi le talent de nos pasteurs de Pentemont-Luxembourg, qui se sont réinventés pour nous offrir des partages bibliques par audioconférences et des cultes numériques – touchants par leur dépouillement et leur bonne humeur. Plus que jamais, leur parole a été une oasis.
De toutes ces belles offrandes, je garderai la nostalgie.
Troisième observation : la solidarité. Là aussi, j’ai découvert un trésor caché de mes semblables – de mes compatriotes en particulier. Jusque dans le plus petit village, combien d’anonymes se sont mis au service des soignants, des personnes âgées et vulnérables, de leur voisin isolé, en cousant des masques ou en faisant leurs courses ? Toutes sortes d’initiatives ont vu le jour pour remercier le personnel des hôpitaux : un boulanger livre le petit-déjeuner, un restaurateur le repas de midi…
Je suis fière des habitants de mon pays. Ils ont joué un rôle important dans l’histoire de cette pandémie.
Conclusion. Le confinement m’a appris ce que c’est que de vivre l’Histoire. Ce n’était pas toujours simple de me dire que je suis chez moi, aux abris, alors que, dans les hôpitaux, des armées de médecins se battent pour sauver des vies, et que des malades succombent. Là aussi, on pense à ce que Dieu doit ressentir.
Bien que confinés, nous avons tous été reliés les uns aux autres à chaque instant, attentifs, solidaires en esprit ou en actes, dans la mesure de nos moyens. Laïcs ou croyants, nous sommes faits sur un même moule de compassion et d’héroïsme, à l’image du Christ.
Sans doute, bien des laïcs ont-ils prié sans l’avouer, conscients d’être dans la main de Dieu.
C’est une grande leçon.
Pauline
Qu’est-ce que le confinement change dans ma vie ?
Témoignage de Christian Manuel
Sur un plateau de la balance, j’ai la chance inouïe d’être confiné dans une jolie maison entourée d’un jardin, dans un quartier pavillonnaire agréable, avec des voisins qui sont de vrais amis. Je dois reconnaître que le vécu du confinement ne m’apporte que du bon : une vie calme, pleine, comme pendant une retraite dans un monastère, un temps de prière chaque matin en communion spirituelle avec une célébration liturgique sur internet, du temps pour lire, écrire, soutenir au téléphone des amis et relations souffrant d’une solitude prolongée, parler avec ma femme, partager avec elle ses inquiétudes d’écrivain, entretenir un réseau conséquent de réunions zoom de partages bibliques. Beaucoup de préoccupations non essentielles et de préoccupations contingentes s’effacent et l’esprit s’en trouve lavé. Est-ce que cela va créer une nouvelle échelle de valeurs ? Vu de Sirius, mon confinement restera pour moi une période d’harmonie structurée qu’il importera de préserver dans l’après, et de construction de relations denses… Un trésor à entretenir…
Mais sur l’autre plateau de la balance, je garde présent au cœur ce qu’il y a de douloureux pour beaucoup dans cet isolement forcé. Je sens peser le poids immense de la maladie, de la détresse psychologique, matérielle et morale qui touche tant de gens.
C’est là que la prière prend toute sa valeur, soutenue par la parole partagée et le cas échéant par un soutien matériel. Le mot solidarité prend soudain un goût nouveau, au sein de l’isolement.