Le doute-interrogation

Je réponds oui, c’est normal, c’est humain d’avoir des doutes, alors même que nous sommes croyants.

Encore faut-il préciser ce qu’on entend par « doute ». Je viens de perdre une grande amie de la famille à laquelle j’étais très attaché. Il s’agit de Christiane Scrivener, et je pense qu’elle retrouvera là-haut son mari, et son fils unique, Noël, qui était d’ailleurs mon meilleur ami.

Je le pense mais je n’en suis pas sûr.

Quand nous perdons un être-cher, nous nous interrogeons parfois : Est-ce que je le retrouverai « là-haut », et dans quel état le retrouverai-je ? dans l’état où je l’ai vu pour la dernière fois, ou dans la force de l’âge ? ou quand il était jeune ? Nous n’en savons rien.

Mais je n’appellerais pas ça un doute, une interrogation plutôt.

Le doute, cela concerne par exemple la question de la résurrection du Christ; et la nôtre également. Avoir des doutes sur ce sujet ne nous empêche pas d’être croyant, de croire que Jésus est le Seigneur, de venir à la table de communion, et de chercher à faire sa volonté.

Est-ce si facile d’y croire ?

Mais est-ce si facile de croire vraiment, c’est-à-dire avec toute sa raison et tout son cœur, que Jésus Christ est ressuscité, donc vivant, et qu’il est vraiment présent parmi nous, et dans notre vie de tous les jours ? pas si facile !

Avez-vous remarqué qu’autour de nous il n’y a aucun signe visible de la résurrection du Christ ? Où sont-ils les signes visibles de la résurrection ?

Partout se dressent des calvaires aux carrefours de nos chemins de campagne.  Nos édifices religieux sont remplis de croix. Mais où trouver les signes visibles du Christ ressuscité ? D’ailleurs, dans cette Église, y en a-t-il ?

Certes les croix protestantes sont nues, évoquant le Christ ressuscité.  Mais c’est plus une évocation qu’un signe visible.

Dans les Évangiles, il n’y a aucune description de la résurrection du Christ. Je veux parler du processus de la résurrection. On décrit dans le détail le processus de sa passion et de sa mort, mais pas de sa résurrection.

Quant aux preuves, il n’y en n’a pas non plus ! Un tombeau vide ne prouve rien.

La garde des chefs religieux ou des romains aurait très bien pu retirer le corps de Jésus pendant la nuit, pour éviter que la foule ne continuent à vénérer ce dangereux personnage.

Pâques, un non-évènement

Reconnaissons ceci :  d’un point de vue objectif, Pâques est un non-évenement.

Autant la mort du Christ au Golgotha est un évènement, reconnu par tous les témoins de l’époque, autant sa résurrection des morts n’a été reconnue que par une poignée de disciples.

Un tombeau vide, des apparitions dans l’intimité d’une rencontre ou dans le secret de la chambre haute… ce n’est pas grand-chose. Aucun media de l’époque n’aurait relaté quoi que ce soit le dimanche de Pâques. RAS.

Paradoxalement, ce non-évènement a eu par la suite d’énormes conséquences sur l’histoire.

Il a eu un tel retentissement dans l’histoire humaine, que même les historiens agnostiques (j’en ai connu un à Reims) reconnaissent qu’ils ont du mal à expliquer la croissance spectaculaire du christianisme dans l’empire romain aux 3 premiers siècles de notre ère.

Cette croissance spectaculaire, nous qui sommes croyants, nous l’expliquons par la puissance du témoignage des premiers chrétiens, et leur persévérance dans la foi malgré les persécutions. Tout repose sur la foi.

Je reviens donc à la question : est-il si facile de croire en la résurrection ?

Mettons-nous un instant dans la peau des disciples du Christ, il y a plus de 2000 ans.

Croire qu’un homme puisse ressusciter, c’était impossible à vues humaines pour les juifs, et même pour les disciples de Jésus.

Par trois fois, avant de mourir, Jésus leur avait dit qu’il mourrait et ressusciterait le 3ème jour ; ils ne comprenaient absolument pas ce qu’il disait.

Dans notre passage de Luc, les disciples ont cru voir un esprit quand tout à coup Jésus leur est apparu. Ils en furent effrayés dit le texte. On les comprend. Jésus a beau leur dire : « la paix soit avec vous ! », ils tremblent de peur. Jésus tient à les apaiser tout de suite : « pourquoi êtes-vous troublés…voyez mes mains et mes pieds ! touchez-moi … »

Croire que Jésus est ressuscité n’est pas de l’ordre du savoir, mais de l’ordre de la conversion. Ce n’est pas dans la tête que cela se passe, mais dans le cœur.

Pour nous qui n’étions pas là au moment des faits, nous n’avons pas le choix : il nous faut nous appuyer sur le témoignage des autres avant nous, et sur l’éclairage que nous donne l’Esprit Saint.  « Heureux celui qui croit sans avoir vu » avait déclaré Jésus à Thomas (selon l’Évangile de Jean) C’est notre lot.

Un doute plus profond : le doute-méfiance

Il y a une autre sorte de doute, qui est plus profonde, et plus grave, pour notre foi. C’est de remettre en cause la bonté de Dieu.

Les Hébreux au désert se sont mis à murmurer contre Dieu et Moïse en disant à ce dernier : « toi et ton Dieu, tu nous as fait sortir du pays d’Égypte pour nous emmener au désert afin de nous faire périr. »

C’est un exemple extrême. Mais ce doute là, que j’appellerais le doute-murmure,  ou le doute-méfiance, c’est un doute qui creuse un fossé entre nous et Dieu.

Le jour de l’épreuve, je risque de penser :  pourquoi faire appel à Dieu pour m’aider à m’en sortir ? je ne compte que sur moi-même.

Il convient donc de distinguer le doute-interrogation et le doute-méfiance ;

Le doute est-il compatible avec la foi ? Question ambigüe. C’est comme si je demandais : le vin blanc est-il compatible avec le poisson ? Oui, mais pas n’importe quel vin blanc ! Un blanc sec, oui, mais pas le vin doux, qui est servi en entrée avec le foie gras.

Pour conclure : le doute est bien compatible avec la foi, à condition de ne jamais remettre en cause la bonté de Dieu envers nous. Doute-interrogation, oui. Doute-méfiance, non.

Dialogue inter religieux : nous sommes tous dans le même barque

Le dialogue inter religieux, pourquoi est-ce important aujourd’hui ?

Face aux discours de haine qu’attise les guerres fratricides, face à la montée des groupes terroristes, bras armés des islamistes, face aux communautarismes qui fracturent la société, il est absolument nécessaire de poursuivre le dialogue inter religieux.

A petite échelle, l’Escale y contribue, en accueillant indifféremment les chrétiens, les musulmans, parfois les juifs, et aussi les non-croyants en recherche de spiritualité.

« Nous avons le même Dieu »

Ce qui nous a étonnés à l’Escale c’est la visite régulière de musulmans qui veulent bien lire la Bible avec nous, sans pour autant vouloir renoncer à leur religion. « Ce qui me plaît à l’Escale, c’est qu’on parle de Dieu », nous déclare Okba, musulman. Et il ajoute : « à Paris, personne ne parle de Dieu. Cela me manque ! »

S’ouvrir à la différence

Dialoguer avec une autre religion monothéiste, ce n’est pas seulement rechercher ce qui nous unit, mais aussi relever les différences. Sans vouloir chercher à convaincre l’autre. Le risque est de se lancer dans un débat stérile où chacun veut avoir raison. Perte de temps ! Il vaut mieux dans ce cas parler en « je » et dire ce qui fonde ma conviction, et quelle expérience personnelle j’ai eu avec Dieu. Le témoignage n’est jamais intrusif. Il peut toucher l’autre.

une agnostique, une chrétienne, une musulmane

Au Palais de la Femme, qui appartient à l’ Armée du Salut, et qui est située juste à côté de l’Escale du 5ème, j’organise régulièrement des causeries inter-religieuses en invitant des personnalités des cultes musulman, juif et chrétien. Les résidentes y participent volontiers, elles qui sont en majorité musulmanes et en minorité chrétiennes.

Le dialogue inter religieux, au fond, c’est quoi ?

C’est attester que les trois grands monothéismes ont des valeurs qui sont toujours d’actualité : regarder autrui comme un frère en respectant sa différence, faire preuve de compassion face au plus nécessiteux, se savoir créatures de Dieu, pécheurs et pardonnés. Pour participer, venez à l’Escale.

Christian Tanon

Lula de la LLB anime un partage biblique

Janvier 2020
Par Christian Tanon

 

L’Escale est tout le contraire d’un club, d’un groupe ethnique, ou d’un groupe de copains qui se sont choisis. Car ils ne se sont pas choisis, les visiteurs de l’Escale. Ils font connaissance et découvrent leur différence.

Différences

Différences de culture, tant sont diverses les origines : française, africaine, malgache, mauricienne, chinoise, coréennes, afghane, irakienne, allemande, anglaise, chilienne, brésilienne, et j’en passe.

Différences d’expression de la foi : catholique, évangélique, protestant historique, pentecôtiste.  Là, il peut y avoir quelques « crispations » liées à des manières différentes d’exprimer sa foi. L’un priera avec véhémence en répétant plusieurs fois « Seigneur, Seigneur ! », ce qui mettra un autre mal à l’aise. La question de la vierge Marie, si elle est abordée, pourra provoquer quelques tensions entre catholiques et protestants évangéliques.

Et pourtant, il faut bien s’accepter les uns les autres. C’est un principe essentiel à l’Escale.

Un esprit d’ouverture

Qu’est-ce que l’esprit d’ouverture ? C’est d’abord accepter l’autre tel qu’il est. C’est aussi, plus profondément et plus risqué pour soi, chercher à comprendre le point de vue de l’autre, même si je ne le partage pas, en se disant : peut-être vais-je apprendre quelque chose de nouveau ? L’Escale est aussi une école d’ouverture pour les bénévoles, qui forment une équipe solidaire et fraternelle. Là aussi, une grande diversité : protestants, évangéliques et catholiques doivent travailler ensemble.

L’esprit d’ouverture est lié à mon avis au sens de la verticalité. Je m’explique : avoir le sens de la verticalité, c’est se sentir porté par une colonne vertébrale qui traverse tout l’être et lui donne sa cohérence interne. Les pieds bien ancrés dans le sol et la tête dans le ciel. C’est comme la danseuse qui, par sa verticalité, peut se permettre de s’élancer d’un côté et de l’autre sans avoir peur de perdre l’équilibre. C’est ce qui lui donne sa grâce, sa légèreté, sa souplesse.

Esprit d’ouverture et unité intérieure vont ensemble. Et pour nous qui connaissons l’Evangile, l’unité intérieure et l’unité en Christ vont aussi ensemble.

Les trois dimensions de la foi

Comme un arc en ciel, la foi peut prendre toutes les nuances de couleurs, de l’ultra-violet à l’infrarouge, en passant par les couleurs visibles à l’œil humain : bleu, vert, jaune, orange, rouge. Pour simplifier, je propose de voir dans notre foi trois principales dimensions : la foi-croyance, la foi-confiance et la foi-mémoire.

Commençons par les deux premières. Il y a une différence entre croire que ceci ou cela, et croire en, en une personne. Prenons quelques exemples. La foi-croyance, c’est par exemple, comme le déclare notre Credo, croire que Jésus Christ est né de la vierge Marie.

La foi-confiance est de l’ordre de la relation. Une relation de confiance. C’est comme Abraham qui est parti de son pays sur simple Parole de Dieu, sans savoir où il allait, ou bien les pêcheurs de Galilée qui ont laissé leurs filets et leur barque pour suivre Jésus Christ sans savoir où il les emmènerait.

La foi-croyance et la foi confiance sont liés et s’épaulent l’un l’autre. A titre personnel, je peux dire qu’à l’âge de 24 ans, ayant ressenti la présence infiniment bienveillante de Dieu à mon égard, j’ai pu lui dire « oui » en toute confiance, ce qui m’a permis ensuite d’accepter et de comprendre les paroles du Credo, qui, il faut l’avouer, ne sont pas particulièrement rationnelles !

Par définition la foi-croyance est susceptible d’être mise à l’épreuve. Sinon la foi ne serait pas la foi, mais autre chose, une certitude démontrable ou une assurance tout risque. Une certitude démontrable, c’est par exemple lorsque Thomas a vu Jésus Christ ressuscité lors de sa 2ème apparition auprès des disciples, et que Jésus lui montrait ses mains et ses côtés. Après une telle apparition, comment douter ? Mais à Thomas qui a confessé sa foi, Jésus a dit : « parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ». N’est-ce pas notre lot à tous qui n’avons pas vu Jésus ressuscité ?

En matière de foi, il est bon d’avoir des convictions personnelles, mais il n’est pas bon d’avoir des certitudes. Et nos convictions sont elles-mêmes traversées de doutes, ce qui est tout à fait normal. C’est humain.

La foi-confiance elle-aussi peut être mise à l’épreuve. Lorsque Jésus a marché sur les eaux et s’est approché de la barque en pleine nuit, les disciples ont d’abord cru qu’il s’agissait d’un fantôme. Jésus les a rassurés et Pierre, dans son enthousiasme, a dit : (je cite l’Evangile de Marc) « Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi sur les eaux. » Et Jésus a dit : « Viens ! » Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus. Mais voyant que le vent était fort, il eut peur ; et comme il commençait à s’enfoncer, il s’écria : Seigneur, sauve-moi ! Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit : homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Mat. 14. 28-31)

L’épreuve de la 1ère s’appelle le doute. L’épreuve de la 2ème s’appelle la peur.

Les raisons pour lesquelles la foi est mise à l’épreuve sont multiples. Les malheurs de la vie comme la perte d’un être cher, un accident de la route, une maladie grave, ou que sais-je encore, sont des évènements extérieurs qui interpellent notre foi : Dieu, où es-tu ? pourquoi laisses-tu faire ? pourquoi ne réponds-tu pas à nos prières ?

La foi-mémoire est une 3ème dimension de la foi. Qu’est-ce qui nous fait tenir dans la crise ? Qu’est-ce qui nous permet de persévérer dans la nuit ? Quand tout est sombre et que l’on ne voit pas la lumière au fond du tunnel, comment continuer à avancer malgré tout ?

La Bible nous dit de faire mémoire. Quand le peuple en exil se morfondait de tristesse sur les fleuves de Babylone, il était plongé dans la nuit. Leur espérance était entretenue par la mémoire des hauts-faits de Dieu, comme la délivrance du pays d’Égypte, ou le règne du roi David.

Précisons en passant qu’il n’est pas nécessaire d’attendre la crise pour se souvenir de ce que j’appelle les pierres blanches de sa vie. Ce sont les moments où, dans les étapes marquantes de son existence, Dieu était présent. Souvent j’entends des personnes me dire : quand je repense à tel accident que j’ai eu, à telle décision que j’ai prise, à telle personne que j’ai rencontrée et qui a changé ma vie, je ne peux m’empêcher de penser que Dieu était présent. Et pourtant, sur le coup, je ne m’en rendais pas compte ! Ajoutent-t-elles.

Puissions-nous accueillir et garder précieusement en mémoire les instants de notre vie qui ont saveur de Dieu. Instants qui crèvent la surface des jours et s’enracinent hors du temps. Instants qui sont comme les pierres blanches qui jalonnent notre route, et donnent tout leur sens à une existence parfois tortueuse ou erratique.

Les trois dimensions de la foi, foi-croyance, foi-confiance et foi-mémoire sont comme les trois pieds d’un tabouret qui ne tient dans la durée que s’ils sont plus ou moins également consolidés.

Juillet 2023
Par Christian Tanon

Il était une fois un village qui fut ravagé par un terrible incendie. Tous les habitants ont pu s’enfuir et s’installer dans les villages voisins. Un seul est resté parmi les ruines, ne pouvant se résoudre à s’enfuir. Il s’installe dans un cabanon au-dessus du village et se met à prier : « Seigneur, aide-moi à reconstruire le village ! » Une autre voix intérieure lui dit : « c’est ridicule, tu es tout seul, pourquoi t’acharnes-tu à demander l’impossible ! ».

Mais l’homme persista dans sa demande. Au bout de trois mois, on frappe à sa porte, tandis qu’il était en prière. Il accueille le visiteur et reconnaît un ancien du village. « Que fais-tu là ?
– Je prie
– Et que dis-tu à Dieu ?
– Je lui demande de m’aider à reconstruire le village. »
Le visiteur s’en va, perplexe. Deux jours plus tard, il revient avec 3 autres personnes. « tu pries toujours la même chose ?
– Oui, répond l’ermite.
– On revient demain avec du renfort ! »
Et voilà qu’une troupe de 15 hommes se rassemblent et décident de reconstruire le village. Quelques mois plus tard, tous les habitants étaient revenus.

Cette fable illustre la puissance de la prière.

La Poustinia

Un autre exemple, réel cette fois-ci, mérite d’être donné : c’est la Poustinia, ou le désert au cœur des villes.

C’est le titre d’un livre écrit par Catherine Hueck de Doherty, livre que j’ai lu il y a environ 40 ans, et qui a inspiré la création de l’Escale, lieu de prière au cœur de la ville. L’auteur du livre raconte comment, au cours d’une retraite en silence, elle a reçu l’appel de Dieu d’ouvrir des lieux d’accueil au cœur des grandes villes canadiennes et américaines, dans les quartiers les plus pauvres. La seule consigne qu’elle donne aux bénévoles qui assurent la permanence est : priez sans cesse ! Et si quelqu’un entre, accueillez-le en vous disant : c’est Dieu qui me l’envoie ! C’est un bien-aimé du Seigneur ! Ces lieux d’accueil, appelés aussi « Madonna House » ont eu un tel succès qu’ils ont proliféré dans plusieurs grandes villes d’Amérique et d’Europe. La vision de l’Escale s’inspire de la poustinia.

Christian témoigne : « Cette vision m’a été confirmée de manière étonnante : un jour, pendant que je fais une permanence et en attendant le premier visiteur, je relis le livre de Catherine Hueck de Doherty, et j’ose prier : « Seigneur, si c’est bien cela la vision de l’Escale, donne-moi un signe qui le confirme ». Deux ou trois jours plus tard, une certaine Caroline vient à l’Escale et me dit : «en venant ici, j’ai trouvé un livre d’occasion sur un siège de l’abribus. Quelqu’un a dû l’oublier. Le voici » C’était le même livre ! »

Fonder un projet sur la prière, c’est faire un pari, non pas « un pari sur l’homme », mais « un pari sur Dieu ».

Réciproquement, Dieu a fait un pari sur l’homme, lui donnant à la fois la liberté et Son Esprit. Un pari un peu fou quand même….

N’est féconde que l’oeuvre humaine inspirée par Dieu.

« Jetez le filet à droite de la barque ! a dit Jésus à ses disciples qui avaient pêché en vain toute la nuit » On connaît le résultat…A l’Escale, nous prions régulièrement pour discerner la volonté de Dieu pour l’Escale, son instrument; discerner sa voix qui dit « jetez le filet à droite ».  Parfois Dieu nous répond à sa manière, notamment en nous « envoyant » des visiteurs qui sont de véritables bénédictions pour l’Escale et sa vitalité.

Juin 2023
Par Christian Tanon

 

Qui était cet homme ?

Aucun théologien, aucun historien n’a pu déterminer avec certitude qui était ce Simon de Cyrène. Trois évangiles évoquent cet homme qui a été réquisitionné par le soldat romain pour porter la croix de Jésus. (Marc 15. 21 ; Luc 23.23 et Matthieu 27.32)

Nous ne savons rien de lui, sinon qu’il venait de Cyrène (ce lieu n’est pas clairement attesté dans la Bible) et qu’il devait être assez costaud. Seul l’Evangile de Marc précise : Simon de Cyrène, père d’Alexandre et de Rufus. Comment ? Père d’Alexandre et de Rufus ? Est-ce une plaisanterie ?

En effet, nulle part dans la Bible on désigne une personne comme « père d’untel », mais toujours comme « fils d’untel ». Simon, fils de Jonas, par exemple.
Et comment un juif peut-il nommer son premier fils Rufus, nom romain, et son deuxième fils Alexandre, nom grec ? C’est tout simplement inconcevable !
A mon avis, cet illustre inconnu représente le « Père des nations », qui n’est autre que l’Eternel, selon d’autres passages de la Bible.

Qu’a voulu dire l’Evangéliste Marc ? Dieu aurait suscité la venue de Simon de Cyrène pour venir en aide à son fils, en laissant entendre que c’est lui-même, Dieu, qui aide son fils à porter sa croix. Si c’est le cas, cela montre bien que Dieu n’a cessé d’avoir de la compassion pour son fils pendant sa passion, et qu’il lui a manifesté son aide.

Les Pères de l’Eglise l’ont affirmé déjà depuis les 1 ers siècles de l’ère chrétienne : Dieu a souffert avec son fils sur la croix.

Quel rapport avec l’Escale ?

Chacun doit porter sa propre croix. Parfois elle est très lourde. C’est ce que le bénévole assurant la permanence découvre parfois, en écoutant le visiteur « déposer son fardeau ».
Il arrive qu’une autre personne présente ce soir-là se propose d’aider le visiteur à porter cette croix. Comment cela advient-il, c’est un mystère. On peut dire que Dieu appelle des « Simon de Cyrène » et c’est là un « petit miracle ».  Alors la personne qui ploie sous le fardeau découvre qu’elle n’est plus seule. Ils sont trois désormais : elle, le Simon de Cyrène présent, et Dieu lui-même, Père des nations.

Mars 2021
Par Christian Tanon

 

En allant prier ce matin à l’Eglise de l’Ile Saint Louis, j’ai vu le Christ comme transfiguré sur la croix. Le vitrail du fond de l’Eglise, illuminé par le soleil levant, me montrait un Christ étincelant de lumière, « son visage devint autre, et son vêtement, d’une blancheur fulgurante » (Luc 9. 2).

Les hommes savent défigurer, seul Dieu sait transfigurer. Les hommes défigurent la terre, défigurent leurs proches, se défigurent eux-mêmes parfois.

Comment Dieu transfigure-t-il ? Il révèle l’étincelle divine qu’Il a planté au fond de chaque être humain dès sa naissance (ou peut-être même dès sa conception) et le rend visible aux yeux de la foi.

Jésus Christ fut transfiguré au Mont Thabor aux yeux de trois de ses disciples, ne fut-il aussi transfiguré au Mont Golgotha ? Et quels yeux de foi l’ont vu ainsi ? Peut-être le centenier romain qui, après avoir regardé, silencieux, Jésus mourir, s’est dit : « assurément cet homme était Fils de Dieu ». Ainsi que Jean, et les femmes qui avaient suivi le maître jusqu’à son dernier souffle.

Et nous, par les yeux de la foi, ne serions pas à même de voir le Christ transfiguré sur la croix ?

Croire que Jésus est mort pour nous est une chose, mais « voir » la gloire de Dieu se révéler sur la croix, est autre chose. Car « voir » est plus fort que croire.

Jean l’évangéliste l’a certainement « vu » cette transfiguration, puisqu’il a rapporté la prière de Jésus en ces termes : « Père, l’heure est venue! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie… » (Jean 17.1) Cette heure n’était pas celle du tombeau vide, mais celle de la croix.

Ce matin en écarquillant les yeux devant le Christ en croix illuminé par le soleil levant, j’ai mieux compris ce que signifie « gloire de Dieu ». Quand Dieu glorifie une personne, il ne le met pas sur un piédestal, il révèle l’étincelle divine qu’Il a mis au fond de son cœur, il la transfigure pour que d’autres, par les yeux de la foi, voient combien démesuré est son amour.

Christian T.

Octobre 2022
Par Christian Tanon

 

Notre vie spirituelle est un chemin semé d’obstacles. Mon expérience personnelle m’a permis d’en repérer un : celui que j’appelle le miroir de pierre. Nous parlerons du 2ème obstacle, le gendarme intérieur, dans le prochain article.

Chacun transporte en son for intérieur une image de lui-même. Quand elle meilleure que la réalité, on peut devenir imbu de soi-même, pour ne pas dire rempli d’orgueil. C’est ce que le psalmiste évoque dans le Psaume 30 :

« Je me disais dans ma sécurité, je ne chancellerai jamais ! » (v. 7) Le psalmiste se croyait invincible, jusqu’au jour où il se fit absent : « Éternel, tu voilà ta face et je fus troublé » (v.8)

Son miroir intérieur fut alors brisé. Il est tombé de son piédestal à ses propres yeux.

Expérience douloureuse mais sans doute nécessaire pour revenir à Dieu dans l’humilité et renouer avec sa vie spirituelle.

Permettez-moi, ami lecteur, un témoignage personnel : A l’âge de 24 ans, je ne connaissais pas Dieu. J’étais en recherche : quel sens donner à ma vie ? qu’est-ce que la vérité ? Dieu existe-t-il ? En outre, fort de mon diplôme de l’X, je me croyais plus intelligent que les autres. J’avais en moi un miroir de pierre. De pierre comme mon cœur. Au cours d’un culte et par la voie du prédicateur, Dieu m’a parlé personnellement et j’en fus profondément touché. J’ai ouvert alors la Bible au hasard et je suis tombé sur Ézéchiel 36.26 : « je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair ». Ce fut comme une douche froide : j’ai pris conscience avec douleur de mon orgueil, et j’ai prié : « Seigneur, change mon cœur ! ».

Que cela soit par les épreuves ou accidents de la vie, ou par l’action de Dieu, notre miroir intérieur doit un jour être brisé, pour se reformer ensuite avec plus de justesse par rapport à notre réalité humaine, notre réalité d’homme pécheur devant Dieu. Alors peut être pleinement reçue cette parole de grâce venant de Dieu : « tu es mon fils bien aimé, en toi j’ai mis toute mon affection. »

partage biblique

Pourquoi les chrétiens ont parfois du mal à se comprendre ?

Enseignement tiré des partages bibliques de l’Escale

 

Depuis 6 ans de partages bibliques à l’Escale,  j’ai remarqué une difficulté à se faire comprendre entre participants sur un point fondamental de la foi chrétienne : comment être sauvé ?

Il faut déjà se mettre d’accord sur l’expression « être sauvé ». Les uns pensent au jugement dernier, les autres à la libération dès maintenant de l’esclavage du péché. Une fois ceci clarifié, le dialogue de sourd n’est pas surmonté pour autant.

Certains disent : pour être sauvé (maintenant ou à la résurrection, peu importe ici), il faut dire « oui » à l’amour de Dieu en Jésus Christ.

D’autres disent : cela ne suffit pas, il faut aussi mettre de l’ordre dans sa vie. Et cela prend du temps.

D’autres encore insistent sur la nouvelle naissance : il faut recevoir le baptême sur Saint Esprit.

Je n’ai pas l’intention ici de trancher ce débat aussi ancien que l’Eglise, mais de faire le constat qu’il est bien difficile de se comprendre parfois, malgré toute la bonne volonté et l’effort d’écouter l’autre.

J’ai une hypothèse : avec Dieu, nos expériences de vie peuvent être radicalement différentes : ceux qui ont connu le Seigneur au moment où ils touchaient le fond insistent sur la « nouvelle naissance » en Christ comme condition du salut. Ceux au contraire qui ont grandi dans la foi progressivement ou par petites étapes, et pas nécessairement à travers une grande épreuve, ont du mal à comprendre les premiers. Ils n’ont pas vécu la même expérience avec Dieu. Une expérience forte et profonde qui marque à vie n’est pas communicable, c’est bien connu.

Continuons nos partages bibliques malgré nos différences, c’est si enrichissant !

Christian T.

PS en savoir plus sur les partages bibliques à l’Escale