Témoignage

Témoigner de sa foi sans écouter peut parfois blesser

Prenons une image : vous êtes au bord d’un lac de montagne et vous voulez faire des beaux ricochets avec un galet bien rond et plat que vous tenez dans la main. Témoigner sans écouter l’autre, c’est comme si vous lanciez votre galet de travers, sur la rive au lieu du lac. Non seulement votre geste ne servira à rien, mais vous risquez de blesser quelqu’un.

Écouter l’autre, c’est chercher à connaître où il en est dans sa vie, dans sa foi, dans ses doutes. Sans avoir de projet sur lui. Sans juger et sans préjugés. Votre témoignage sera adapté à ce que vous aurez entendu, et il y a une chance pour qu’il porte du fruit, maintenant ou plus tard. Votre galet fera des beaux ricochets.

Témoigner sans écouter peut même blesser l’autre. Un exemple à l’Escale : où nous partageons librement sur les thèmes de la vie ou de la mort, et du sens de la vie. Une participante a donné son témoignage personnel en parlant des blessures qu’elle a subies dans son enfance. J’étais gêné, car il y avait dans le petit groupe une personne qu’elle ne connaissait pas. Cette dernière n’est jamais revenue à l’Escale. Je la revis par hasard dans un café et elle me dit que le témoignage de l’autre a réactivé sa propre blessure d’enfance. Voilà un galet qui est part dans les jambes du voisin se tenant sur le bord du lac.

Conclusion : il faut s’efforcer d’écouter avec attention, et puis seulement témoigner avec tact. Avec l’aide de l’Esprit Saint – je m’adresse aux chrétiens, car l’Esprit Saint nous « parle » toujours avec tact.

SOS Esprit Saint, viens à mon aide !

Une question que me posent certains : qu’est-ce que cela change d’être chrétien ? Il y a des non croyants qui savent très bien écouter ! Bonne question ! A mon avis, la spécificité de l’écoute chrétienne est que l’écoutant peut s’appuyer sur l’aide de l’Esprit Saint dans son écoute et le témoignage qui suit ; il arrive qu’on soit un peu perdu par le flot de paroles qu’on a entendues, ou « encaissées », et qu’on ne sache pas quoi répondre. C’est alors que je recommande de faire une courte prière intérieure : « SOS Esprit Saint !, viens à mon aide ! » Mon expérience personnelle est qu’il se produit quelque chose en soi, comme un lâcher prise instantané, qui fait que ma parole sera ajustée aux attentes profondes de l’autre ; C’est comme la pelote de ficelles qu’il faut démêler : sur quel bout tirer ? sans l’aide de Dieu, il y a de forte

chance qu’on tire sur le mauvais bout et que les nœuds intérieurs se serrent encore plus.

La joie du témoignage ajusté

Écouter l’autre, puis témoigner de façon « juste » donne une grande joie ! même si l’on ne voit pas les résultats de ce qu’on a dit. Dieu ou un autre témoin se charge de la suite… Cette joie est un mystère. Une amie très malade tient le coup dans sa vie très rude, grâce à la joie qu’elle éprouve à chaque occasion d’une rencontre où elle peut écouter et témoigner ; Elle sait très bien que cette joie profonde, qui surgit en elle, n’est pas seulement humaine mais vient de Dieu.