Ecoute bienveillante

Ecoute bienveillante

Tout visiteur de l’Escale est accueilli et écouté avec bienveillance. Les bénévoles qui assurent les permanences sont tous aptes à l’écoute, le plus souvent grâce à leur expérience de relation d’aide et d’accompagnement (aumônier d’hôpitaux, écoutant de SOS amitié, éducateur spécialisé ou psychothérapeute). En quoi consiste l’écoute bienveillante ?

Connaissez-vous une situation dans la vie où l’écoute n’est pas importante ?

Oui, s’il y a danger. Si votre enfant vous parle tout en se penchant par la fenêtre, vous n’allez pas l’écouter, mais le ceinturer et le ramener dans la chambre. Après vous l’écouterez.

A part ces situations extrêmes, l’écoute est importante en toute circonstance.

Une professeur des écoles nommée Francine B. témoigne de l’accueil qu’elle a reçu à l’Escale, en soulignant l’importance de l’écoute bienveillante. Elle est devenue par la suite accueillante à l’Escale. Pour lire son témoignage. 

La 1ère écoute bienveillante est déterminante pour la suite : le visiteur reviendra ou ne reviendra pas en fonction de ce premier contact.

Les difficultés que nous pouvons avoir à écouter l’autre sont multiples :

  • Je n’ai pas la tête à ça, je suis trop encombré ou fatigué par une lourde journée
  • J’ai un préjugé sur l’autre, je le vois avec mes lunettes déformantes
  • Il me répugne, et je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit
  • Son flot ininterrompu de paroles m’agace
  • Ce qu’il raconte évoque une situation douloureuse pour moi et je suis submergé
  • J’ai tellement envie de l’aider que je lui donne des conseils ou je cherche à le rassurer
  • Je manque de temps.

Pour surmonter ces difficultés, je propose 5 principes, qui ressortent de notre expérience d’écoute bienveillante à l’Escale depuis 6 ans et demi.

Etre attentif

Etre dans une écoute bienveillante, ce n’est pas juste se taire. C’est aussi et surtout être attentif.

Car je peux regarder l’autre parler en silence, et penser à tout autre chose.

Il y a mille perturbations possibles à mon écoute. Il me vient par exemple une idée que j’ai terriblement envie de partager, et j’attends le moment favorable pour la « caser ». Dans l’écoute, je n’ai pas de projet pour l’autre. Attentif, attendre, c’est la même racine. En fait, c’est s’attendre à tout, ou à rien, ce qui revient au même. S’attendre à l’inattendu

Faire preuve d’empathie dans son écoute bienveillante

Selon le Larousse Universel, l’empathie est un mode de connaissance intuitive d’autrui, qui repose sur la capacité de se mettre à la place de l’autre. De ressentir ce que l’autre ressent.

Mais est-il vraiment possible de se mettre à la place de l’autre ? Je suis moi, l’autre est autre. Il est radicalement différent. Nous pouvons croire que nous ressentons ce que l’autre ressent, mais n’est-ce pas une illusion ? Nous savons que certaines expériences sont totalement incommunicables.

Le psychologue Carl Rogers précise que pour aider l’autre, il n’est pas nécessaire de ressentir ce que l’autre ressent. Il s’agit seulement d’éprouver une compréhension du monde de l’accompagné comme si je le percevais de l’intérieur. C’est sentir le monde privé de l’autre comme s’il était le mien, mais sans jamais oublier la qualité de « comme si ». Sentir les colères, les peurs et les confusions de l’autre comme si elles étaient miennes, et cependant sans que ma propre colère, peur ou confusion ne soient éveillées et retentissent sur l’autre.

Selon Carl Rogers, deux autres attitudes sont nécessaires chez l’écoutant : l’acceptation inconditionnelle et la congruence (être vrai).

L’acceptation inconditionnelle, c’est accepter la personne, toute la personne, dans ses aspects positifs et négatifs. Cela n’implique pas que je sois d’accord avec ce qu’elle dit.

La congruence chez l’écoutant consiste à être vrai, être soi-même. Ne pas feindre un sentiment que l’on ne ressent pas du tout. Il est important que l’accompagné ait affaire non pas à un simulateur, ni à un robot, mais à une personne réelle. C’est ainsi qu’elle peut elle-même accueillir une réalité qui est autre que celle qu’elle imaginait.

Des trois conditions, celle qui doit se manifester en premier dans la relation d’aide est la compréhension empathique. A des blessés de la vie, un formateur a demandé : qu’est-ce que vous préférez : être aimé ou être compris ? La plupart ont répondu : être compris.

 A l’Escale est venue une femme de 40 ans environ qui, à l’adolescence, avait vécu l’abandon par ses parents. Cela faisait une dizaine d’années qu’elle était membre des Témoins de Jéhovah et qu’elle cherchait à en sortir. Elle m’avait déclaré, dès le premier entretien : « Je ne sais plus où j’en suis par rapport à Dieu. Il m’a laissé tomber. »

Comment répondre ? Faut-il lui dire : Dieu n’abandonne pas ses enfants ? Ce qui est exact sur un plan théologique.  Ou dire plutôt : le sentiment d’être abandonné est quelque chose de terrible ? ce qui n’est qu’une reformulation de ce qu’elle ressent. Or c’est précisément ce qu’il faut faire dans un premier temps : prendre toute la gravité de ce que vit l’autre, montrer que ce qu’elle ressent et ose exprimer n’est pas à corriger, mais à écouter et comprendre. Cette dame se sentait coupable. La corriger sur sa vision de Dieu n’aurait eu pour effet que de « rajouter une couche » de culpabilité.

Voilà me semble-t-il la première attitude indispensable dans toute relation d’aide : la compréhension, qui est par définition dénuée de tout jugement, de tout conseil, de toute interprétation.

Trouver la juste distance

Y a-t-il une juste distance dans l’écoute ? Y a-t-il un juste milieu à trouver entre deux excès : la fusion et l’indifférence ?

Jusqu’où peut aller l’empathie, sans que cela ne devienne fusion, identification à l’autre ? Si je me mets à souffrir ce que l’autre souffre, certes, c’est beau, c’est généreux, mais est-ce que je ne suis pas en train de me perdre moi-même ? L’autre se noie, et voilà que je me noie avec lui. Ne vaut-il pas mieux que je reste sur la rive solide, et lui tende une perche ? que je garde une certaine distance, pour l’aider lui, et me sauvegarder ? Trouver la juste distance, c’est aussi se protéger soi-même. Je peux couler avec celui qui coule.

La posture corporelle et le regard

Ce que l’autre perçoit est en grande partie non verbal de ma part. Si j’ai le regard fuyant je trahis mon désir de le fuir. Si je me tiens face à lui les bras croisés, je me protège de lui. Il se dira inconsciemment : il a peur de moi. Si je me tiens très penché en arrière, il se dira : « ce que je lui dis lui passe au-dessus de la tête, il s’en moque ». Si je souris quand je lui parle de mon problème, il pensera : mon problème est-il une broutille pour lui ?

SOS Saint Esprit !

A l’Escale, il arrive que l’accueillant se sente désemparé après avoir longtemps entendu l’autre déverser toutes les raisons de sa colère ou de son affliction. Que répondre ? par quel bout commencer ? En tant que chrétien je peux invoquer l’aide du Saint Esprit dans mon for intérieur : « SOS Esprit Saint ! viens à mon aide ! » Ce que dépose l’autre à mon oreille attentive ressemble à une boule de fils de laine pris dans un nœud. Sur quel fil tirer afin de dénouer ce nœud ? Sans l’aide de l’Esprit Saint, je risque fort de rendre le nœud encore plus serré …

La Triple écoute

L’écoute bienveillante à l’Escale ou dans des associations d’entraide implique une triple écoute. Outre l’écoute de l’autre, il s’agit aussi d’écouter Dieu. Celui-ci nous demande de nous mettre à son écoute. C’est le début de la grande prière de nos frères juifs, le  Shema Israel.  Ecoute, Israël, notre Dieu, l’Eternel est un. (Deut. 6.4)

En 3ème lieu, il importe de s’écouter soi-même, c’est-à-dire être conscient des émotions qui nous traversent en écoutant l’autre. Une émotion surgit, je l’accueille, la nomme intérieurement, et la mets de côté en quelque sorte, afin qu’elle n’envahisse pas la relation.

Quand une personne écoute une autre, ils ne sont pas deux, mais trois, le 3ème étant Dieu. L’écoutant chrétien le sait, l’autre ne le sait peut-être pas, mais Dieu est quand même présent. Et il agit par son Esprit, si l’un et l’autre l’accueille et le laisse agir. Et il agit toujours pour le bien.

Dans son livre « Ecouter, c’est aimer », (Ed. Farel) Corinne Nême-Peyron écrit en introduction :

« L’écoute est une des plus belles choses qui soient, car elle permet à l’autre de se sentir exister, parce qu’elle est cadeau, cadeau d’une confiance, d’une humilité à se dévoiler, cadeau d’une histoire de vie à partager, cadeau d’une rencontre. Oui je crois véritablement qu’écouter c’est déjà aimer. »

Pour terminer citons Esaïe :

Le Seigneur, l’Éternel m’a donné une langue exercée, pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu.

Il éveille chaque matin il éveille mon oreille, pour que j’écoute comme écoutent les disciples. Esaïe 50. 4

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