Peut-on juger de la maturité spirituelle d’un chrétien ?
Par chrétien, j’entends toute personne qui croît en Jésus Christ, fils du Dieu vivant. (je reprends la réponse de Pierre à Jésus quand il a demandé à ses disciples : et vous qui dites-vous que je suis ? »)
On ne peut guère juger de la foi d’une personne, mais on peut se faire une certaine idée de sa maturité spirituelle, à commencer par la sienne. Si oui, à partir de quels critères ?
Foi et maturité spirituelle sont au demeurant directement reliés : pour moi, la foi est un chemin qui ne s’arrêtera qu’à la fin de mes jours sur terre. Ma vie est jalonnée d’évènements heureux et malheureux, qui sont comme des « pierres blanches » de ma vie spirituelle, dans la mesure où je prends conscience, souvent après coup, que Dieu était là, au rendez-vous. Cette prise de conscience me fait grandir à la fois en maturité spirituelle et en foi.
Venons-en à la question : comment juger de la maturité spirituelle d’un chrétien ?
Prenons quatre éléments, parmi bien d’autres :
– La manière de prier est un révélateur de la maturité spirituelle :
au début, ma prière n’était que demande : « Seigneur, je te présente mon examen à l’école, permets que je le réussisse » C’est bien en soi, mais il y manque la louange : « merci Seigneur, car tu m’as accompagné jusqu’ici, et je suis vivant et en bonne santé » (pour donner un exemple).
La prière transforme le priant. Au fur et à mesure que je prie, j’adapte ma prière aux non-exaucements (cela peut arriver, hélas) et je cherche à comprendre ce que Dieu ou Jésus attend de moi. Je commence par le louer, puis je lui demande quelque chose qui correspond à Sa Volonté pour moi ou un autre, telle que je peux la discerner.
Encore un point sur la prière : je rends grâce au Seigneur même quand cela va mal. Comme Job qui a dit : « le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, qu’il soit béni ! ». Une telle manière de prier dénote une grande maturité spirituelle. « Ce n’est pas Toi qui envoies le malheur, mais Tu le permets. Je te remercie pour cela, car je sais qu’il en sortira quelque chose de meilleur pour moi et les autres, mais Toi seul le sait. »
– La manière de pardonner
à celui ou celle qui m’a offensé(e) est un autre signe de la maturité spirituelle. Suis-je capable de pardonner du fond du cœur à mon frère ou ma sœur qui m’a trahi(e) ? (un exemple). Si je lui dis comme en passant : je te pardonne ! ce n’est pas le cœur qui parle, mais la pensée suivante : « si tu ne pardonnes pas, tu n’es pas un bon chrétien ». Nous savons tous que sans l’aide de Dieu, il est quasi impossible de pardonner « du fond du cœur ».
– Qui est Jésus Christ pour moi aujourd’hui ?
Si je te demande, cher lecteur, « qui est Jésus Christ pour toi », en ajoutant : « ne récite pas le Credo, mais dis-moi ce que tu penses sincèrement, cela restera entre nous », que répondras-tu ?
« Jésus Christ a donné à l’humanité le meilleur enseignement qui soit, et il a fait ce qu’il a dit » est la réponse de l’un de mes enfants.
Autre réponse possible, qui dénote une plus grande maturité spirituelle : « Jésus Christ est vivant, je peux lui parler, il me soutient dans les épreuves de la vie »
Dans ma vie de pasteur, j’ai entendu bien d’autres réponses possibles, qui montre d’ailleurs la grande diversité d’expression de la foi.
La foi n’est pas mesurable, car elle touche à l’intime et l’inexprimable de ma relation à Dieu, mais ma confession de foi personnelle, dès lors que je l’exprime avec des mots et la partage avec un frère ou une sœur en Christ, m’aide à vérifier si j’avance ou non dans ma vie spirituelle. D’ailleurs, le seul fait de la partager me fait grandir en maturité spirituelle.
– D’épreuve en épreuve s’élève la maturité spirituelle.
C’est un peu comme la résilience en psychologie : les enfants qui ont surmonté une crise grandissent en résilience, c’est-à-dire en capacité de sortir d’une nouvelle épreuve. D’épreuve en épreuve, je grandis en maturité spirituelle.
A condition évidemment d’en sortir. Je me souviens d’un paroissien à Reims qui me dit, « je ne viens plus au culte, car j’ai prié pour ma fille et elle est décédée. D’ailleurs, me rajouta-t-il, je n’ai plus la foi. » Lui, hélas, a jeté le bébé avec l’eau du bain.
Ainsi, pour conclure, il me semble possible de mesurer le degré de maturité spirituelle, sans oublier qu’on peut se tromper, et qu’il faut sans cesse demander le discernement spirituel, ce que Dieu accorde volontiers à celui qui le demande :
« Esprit Saint, viens à mon aide ».