partage biblique

Pourquoi les chrétiens ont parfois du mal à se comprendre ?

Enseignement tiré des partages bibliques de l’Escale

 

Depuis 6 ans de partages bibliques à l’Escale,  j’ai remarqué une difficulté à se faire comprendre entre participants sur un point fondamental de la foi chrétienne : comment être sauvé ?

Il faut déjà se mettre d’accord sur l’expression « être sauvé ». Les uns pensent au jugement dernier, les autres à la libération dès maintenant de l’esclavage du péché. Une fois ceci clarifié, le dialogue de sourd n’est pas surmonté pour autant.

Certains disent : pour être sauvé (maintenant ou à la résurrection, peu importe ici), il faut dire « oui » à l’amour de Dieu en Jésus Christ.

D’autres disent : cela ne suffit pas, il faut aussi mettre de l’ordre dans sa vie. Et cela prend du temps.

D’autres encore insistent sur la nouvelle naissance : il faut recevoir le baptême sur Saint Esprit.

Je n’ai pas l’intention ici de trancher ce débat aussi ancien que l’Eglise, mais de faire le constat qu’il est bien difficile de se comprendre parfois, malgré toute la bonne volonté et l’effort d’écouter l’autre.

J’ai une hypothèse : avec Dieu, nos expériences de vie peuvent être radicalement différentes : ceux qui ont connu le Seigneur au moment où ils touchaient le fond insistent sur la « nouvelle naissance » en Christ comme condition du salut. Ceux au contraire qui ont grandi dans la foi progressivement ou par petites étapes, et pas nécessairement à travers une grande épreuve, ont du mal à comprendre les premiers. Ils n’ont pas vécu la même expérience avec Dieu. Une expérience forte et profonde qui marque à vie n’est pas communicable, c’est bien connu.

Continuons nos partages bibliques malgré nos différences, c’est si enrichissant !

Christian T.

PS en savoir plus sur les partages bibliques à l’Escale

 

Mars 2021
Par Christian Tanon

 

Dans la relation entre deux personnes, il n’y a pas de juste distance dans l’absolu, comme en sécurité routière, qui serait valable pour tous et en toute circonstance. S’il y a une juste distance, elle dépend de l’une et de l’autre personne en relation. C’est une lapalissade. Mais regardez comment Jésus Christ s’y est pris avec ses interlocuteurs : a-t-il respecté la juste distance préconisée aujourd’hui, et avec raison, par les psychologues, les enseignants,  la sagesse humaine ?  Nullement ! il a touché le lépreux, il est entré dans la maison du collecteur d’impôts, il a laissé la prostituée lui essuyer les pieds avec ses cheveux. Oui, mais c’est Jésus Christ. Qui peut en faire autant ? Ce que j’observe à l’Escale depuis presque trois ans, c’est que les préconisations de la sagesse humaine sont parfois franchies sans dommage collatéral. Les bénévoles qui accueillent et écoutent les personnes en manque de lien affectif peuvent en témoigner. Quand le bénévole laisse une relation d’amitié s’instaurer avec l’autre, sachant que cela fait du bien à ce dernier, et qu’il reste vigilant quand à ses propres émotions, c’est gagné ! Mais les dommages collatéraux peuvent arriver : et c’est alors une leçon pour le bénévole qui s’est trop rapproché de l’autre, et s’est fait prendre dans un jeu de dépendance périlleux.

Revenons à Jésus Christ : s’il a pu tant s’approcher de l’autre sans prendre de risque, c’est qu’il savait que le Père céleste le préserverait de la chute et qu’en plus, c’est précisément ce que voulait (et veut encore) son Père. « le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (a dit Jésus dans la maison de Zachée).

Si nous ne sommes pas Jésus Christ, nous pouvons au moins nous en inspirer, et nous rapprocher un peu plus de l’autre qui a besoin de lien affectif. A condition de rester  attaché par la prière au Père céleste qui a besoin de nous pour faire avancer son Royaume. Rester attaché au Père, voilà une liaison qui ne comporte aucun risque pour nous, même si notre attachement est trop intime. Au contraire….

Christian

Septembre 2023
Par Christian Tanon

 

Se faire des amis

La citation exacte est : « Faites-vous des amis avec l’argent trompeur afin qu’ils vous accueillent dans les demeures éternelles lorsqu’il viendra à manquer. » Luc 16 v.9

C’est Jésus lui-même qui donne cette instruction à ceux qui l’entourent, après avoir raconté la parabole du gérant malhonnête. (Ce gérant qui dilapidait les biens de son propriétaire en réduisant les dettes de ses débiteurs dans le but de s’en faire des amis). Cette parabole a de quoi surprendre d’ailleurs, car le « maître » – il s’agit de Dieu, fait l’éloge de ce gérant pour son habileté à se faire des amis, même avec « l’argent trompeur ». Et Jésus, dans sa conclusion, insiste pour que nous nous fassions des amis, même s’il faut pour cela utiliser des méthodes peu recommandables aux yeux de la justice humaine.

Différentes amitiés

Or il y a deux sortes d’amitiés : celle fondée sur la logique d’échange (je te rends un service, et j’attends un retour), et celle qui repose sur la simple confiance, la gratuité, pour ne pas dire, en langage chrétien : la grâce.

A l’Escale, je peux témoigner que des amitiés se tissent peu à peu selon la grâce. Il n’est pas rare que les participants, qui se connaissent à peine, échangent leurs contacts et se rencontrent après à l’extérieur de l’Escale, et il faut s’en réjouir. Car certains y viennent et y reviennent parce qu’ils se sentent seuls.

« Faites-vous des amis afin qu’ils vous accueillent dans les demeures éternelles. »

Cela va très loin : il s’agit d’une amitié qui dure éternellement. Une amitié durable, c’est déjà pas mal, mais celle dont parle Jésus est si durable qu’elle se prolonge en vie éternelle ! Une amitié que même la mort ne peut briser !  Merveilleux ! Est-ce possible ?

Et si c’est possible, la question est : comment s’y prendre ?  Comment tisser de telles amitiés ? Mon ministère pastoral, y.c. mon expérience de l’Escale, me conduit à penser que c’est en Jésus Christ que peuvent se tisser des amitiés pour l’éternité.

Les trois dimensions de la foi

faites-vous des amis pour la vie éternelle

Nous sommes tous concernés

Car Jésus Christ a pris l’initiative de dire à ses disciples : « je ne vous considère plus comme serviteurs, mais comme amis. »  (Jean 15 v. 15).  Merveilleux, non ? Et cela nous concerne tous. Que nous ayons la chance d’avoir de vrais amis autour de nous, ou que nous n’ayons hélas pas cette chance, nous avons tous en Jésus Christ un ami. Si Jésus Christ fait de chacun de nous ses amis, et que nous en avons pleinement conscience, il y a une relation à trois qui s’établit. Le 3ème étant Dieu ou Jésus Christ. Il y a quelque chose qui change dans notre façon de regarder la personne que Dieu met sur notre route. On le regarde et on se dit : Lui aussi, il est ami de Jésus ! Elle aussi ! Alors je le (ou la) regarde autrement.

Et si cette personne partage avec nous la même foi en Jésus Christ, se produit ce que j’appellerais un petit miracle : A peine avons-nous fait connaissance, et voilà que nous pouvons partager les questions essentielles de la vie, les interrogations de l’existence avec la confiance qui naît entre nous.

N’est-ce pas Jésus Christ qui a dit à ses disciples, à la veille de sa passion : « je vais vous préparer des demeures éternelles auprès du Père ? » (c.f. Jean 14. 2-3) Les voilà, les demeures éternelles qui nous sont promises ! Et dont l’amitié vécue selon la grâce, dès maintenant, est un avant-goût.

solitude

Décembre 2022
Par Christian Tanon

 

Il arrive assez souvent qu’à l’Escale la discussion tourne autour de la question : serons-nous tous sauvés ? Les passages bibliques ne manquent pas, qui soulèvent cette question : le jugement dernier, la parabole des talents, l’homme qui n’avait pas les habits de noces… et les méchants iront dans les ténèbres du dehors.

Alors la discussion prend un ton passionné

« Mais non ! Dieu aime tous les hommes, et Jésus Christ est mort pour tous !
Oui, mais encore faut-il croire que Jésus Christ est mort pour nous ! C’est la foi qui sauve !
Comment ? alors ceux qui n’ont pas la foi seront condamnés ?
Pas du tout, s’ils ont fait du bien à autrui, ils seront sauvés !
Moi, ça me rassure que certains n’iront pas au paradis…
Pourquoi ?
Franchement, je n’ai pas envie de me retrouver avec untel qui a fait du tort à toute notre famille ! »

C’est à ce moment-là que le bénévole qui assure la permanence se sent de plus en plus mal à l’aise. Comment mettre fin à ce débat dans lequel que chacun veut avoir raison, et se sent frustré de n’être pas compris par les autres ? Comment en sortir ?

Ce qu’il ne faut surtout pas faire : prendre parti pour l’un ou l’autre et sortir sa propre théorie.

Ce que l’on peut faire

– Détendre l’atmosphère en racontant la blague du berger allemand, du doberman et du chat qui arrivent au paradis (voir plus bas)
– Déclarer au groupe : bon, maintenant je vous propose de chanter des cantiques !
Et tout le monde est d’accord pour passer à autre chose.

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Un chien berger, un doberman et un chat arrivent au paradis.
Dieu demande au chien berger : à quoi crois-tu ?

« Je crois que mon maître est plein de fidélité à mon égard
C’est bien, dit Dieu, assieds-toi à ma droite
Et toi, le doberman, qu’est-ce que tu crois ?
Je crois que mon maître est plein de bonté pour moi
C’est bien, dit Dieu, assieds-toi à ma gauche
Et toi, le chat, qu’est-ce que tu crois ?
Je crois que tu es assis à ma place ! »

Mai 2019
Par Christian Tanon

 

Cher visiteur de l’Escale,

Ne nous demandez pas pourquoi nous vous offrons du café et du temps d’écoute bienveillante.
Non, nous ne sommes pas une secte !
Non, nous n’attendons rien en retour !
Le faisons-nous parce que nous sommes chrétiens ? Peut-être… mais d’autres qui ne croient pas font autant sinon mieux que nous ! Alors ne nous posez pas trop de questions…

Cher lecteur, ne demandez pas aux bénévoles pourquoi ils consacrent 4h de leur temps, les uns chaque semaine, les autres chaque mois, à assurer les permanences, car vous auriez des réponses très variées et les vraies motivations sont leur jardin secret.

Quelques exemples

Ne demandez pas à JD, un habitué de l’Escale pourquoi il a accueilli chez lui un sdf qu’il ne connaissait pas.
Il faisait froid ce soir-là. A la fin de notre partage au moment de se quitter, JD se tourne vers le jeune en disant : « tu ne vas quand même pas coucher dehors ce soir ? Viens chez moi ! »

Pourquoi JD a-t-il pris ce risque ?
Est-ce grâce à la confiance qui s’est peu à peu instaurée à l’Escale ?
Est-ce parce qu’il a lui-même connu une situation de précarité ?

Ne cherchez pas à savoir.
Mais si vous insistez il vous dira “je ne sais pas pourquoi, mais je sais que cela me donne de la joie. »
Et cette joie fut décuplée quand il apprit que le jeune sdf avait trouvé un logement dix jours plus tard et que ses papiers étaient en voie de régularisation.

Une béatitude dans les Psaumes fait écho à ce qui s’est passé ce soir-là :
Heureux celui qui s’intéresse au pauvre !
L’Eternel le garde et lui conserve la vie. Il est heureux sur la terre. Ps. 41. 2

Prenons un autre exemple : un étudiant africain, contraint de rentrer au pays pour raison administrative (il lui restait une année pour avoir son diplôme d’expert-comptable) est venu à l’Escale. Par je ne sais quel miracle et à l’aide de nos prières il a pu résoudre son problème. Ne demandez pas pourquoi…

Certains diront c’est magique, d’autres : c’est la fraternité et d’autres encore invoqueront l’Esprit Saint qui répond à nos prières.

Il y a des questions à ne pas poser …

Mai 2019
Par Christian Tanon

 

En paraphrasant le commandement de Jésus Christ à ses disciples : « comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres », je propose : Comme j’ai intercédé pour vous, inter s’aidez-vous les uns les autres. C’est ce que nous vivons à l’Escale, lorsque nous prions les uns pour les autres, que ce soit en présence des intéressés, ou en leur absence.

Voici une prière d’intercession entendue au cours d’un culte, et dont l’auteur est un habitué de l’Escale :

« Seigneur, aide-nous à écouter, aide-nous à accueillir, aide-nous à faire place à la bonne nouvelle, celle qui enjambe nos différences et qui entame notre indifférence.
Toi qui nous acceptes boiteux comme Jacob devenu Israël, afin que nous puissions zigzaguer entre les tentations du monde,
Toi qui nous a choisis libres comme le fils prodigue pour pouvoir fêter avec ferveur notre retour à la vie,
Toi qui nous supportes embarrassés de la langue comme Moïse, afin que ta parole chemine en nous lentement, comme un souffle fragile dessinant sur le sable,
Veuille accueillir dans notre écoute, qui est aussi ton écoute, celles et ceux qui franchissent la porte de l’Escale.
Celles et ceux que le monde et ses idoles découragent.
Celles et ceux qui ont un lourd fardeau à déposer.
Aide-les je t’en prie à deviner ta lumière même quand elle est cachée dans la pudeur de l’ombre.
Aide-les aussi, si tu le veux bien, à se fier à l’invisible pour les yeux. À se fier à ce qui est inaudible pour l’oreille de l’opinion et pour l’oreille du jugement.
Merci de nous aider à découvrir chaque jour combien donner enrichit, partager nourrit, accueillir l’obscur en nous comme un enfant dérouté nous apprivoise à nous-même et à l’espérance de ton Royaume. »

C’est bien de prier, mais ne faut-il pas aussi agir ? Il m’arrive dans ma prière d’intercession de penser à une action concrète qui peut aider l’autre, comme par exemple de l’appeler tout simplement pour lui demander de ses nouvelles.

Alors inters’aidons-nous les uns les autres !