Comme un arc en ciel, la foi peut prendre toutes les nuances de couleurs, de l’ultra-violet à l’infrarouge, en passant par les couleurs visibles à l’œil humain : bleu, vert, jaune, orange, rouge. Pour simplifier, je propose de voir dans notre foi trois principales dimensions : la foi-croyance, la foi-confiance et la foi-mémoire.
Commençons par les deux premières. Il y a une différence entre croire que ceci ou cela, et croire en, en une personne. Prenons quelques exemples. La foi-croyance, c’est par exemple, comme le déclare notre Credo, croire que Jésus Christ est né de la vierge Marie.
La foi-confiance est de l’ordre de la relation. Une relation de confiance. C’est comme Abraham qui est parti de son pays sur simple Parole de Dieu, sans savoir où il allait, ou bien les pêcheurs de Galilée qui ont laissé leurs filets et leur barque pour suivre Jésus Christ sans savoir où il les emmènerait.
La foi-croyance et la foi confiance sont liés et s’épaulent l’un l’autre. A titre personnel, je peux dire qu’à l’âge de 24 ans, ayant ressenti la présence infiniment bienveillante de Dieu à mon égard, j’ai pu lui dire « oui » en toute confiance, ce qui m’a permis ensuite d’accepter et de comprendre les paroles du Credo, qui, il faut l’avouer, ne sont pas particulièrement rationnelles !
Par définition la foi-croyance est susceptible d’être mise à l’épreuve. Sinon la foi ne serait pas la foi, mais autre chose, une certitude démontrable ou une assurance tout risque. Une certitude démontrable, c’est par exemple lorsque Thomas a vu Jésus Christ ressuscité lors de sa 2ème apparition auprès des disciples, et que Jésus lui montrait ses mains et ses côtés. Après une telle apparition, comment douter ? Mais à Thomas qui a confessé sa foi, Jésus a dit : « parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ». N’est-ce pas notre lot à tous qui n’avons pas vu Jésus ressuscité ?
En matière de foi, il est bon d’avoir des convictions personnelles, mais il n’est pas bon d’avoir des certitudes. Et nos convictions sont elles-mêmes traversées de doutes, ce qui est tout à fait normal. C’est humain.
La foi-confiance elle-aussi peut être mise à l’épreuve. Lorsque Jésus a marché sur les eaux et s’est approché de la barque en pleine nuit, les disciples ont d’abord cru qu’il s’agissait d’un fantôme. Jésus les a rassurés et Pierre, dans son enthousiasme, a dit : (je cite l’Evangile de Marc) « Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi sur les eaux. » Et Jésus a dit : « Viens ! » Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus. Mais voyant que le vent était fort, il eut peur ; et comme il commençait à s’enfoncer, il s’écria : Seigneur, sauve-moi ! Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit : homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Mat. 14. 28-31)
L’épreuve de la 1ère s’appelle le doute. L’épreuve de la 2ème s’appelle la peur.
Les raisons pour lesquelles la foi est mise à l’épreuve sont multiples. Les malheurs de la vie comme la perte d’un être cher, un accident de la route, une maladie grave, ou que sais-je encore, sont des évènements extérieurs qui interpellent notre foi : Dieu, où es-tu ? pourquoi laisses-tu faire ? pourquoi ne réponds-tu pas à nos prières ?
La foi-mémoire est une 3ème dimension de la foi. Qu’est-ce qui nous fait tenir dans la crise ? Qu’est-ce qui nous permet de persévérer dans la nuit ? Quand tout est sombre et que l’on ne voit pas la lumière au fond du tunnel, comment continuer à avancer malgré tout ?
La Bible nous dit de faire mémoire. Quand le peuple en exil se morfondait de tristesse sur les fleuves de Babylone, il était plongé dans la nuit. Leur espérance était entretenue par la mémoire des hauts-faits de Dieu, comme la délivrance du pays d’Égypte, ou le règne du roi David.
Précisons en passant qu’il n’est pas nécessaire d’attendre la crise pour se souvenir de ce que j’appelle les pierres blanches de sa vie. Ce sont les moments où, dans les étapes marquantes de son existence, Dieu était présent. Souvent j’entends des personnes me dire : quand je repense à tel accident que j’ai eu, à telle décision que j’ai prise, à telle personne que j’ai rencontrée et qui a changé ma vie, je ne peux m’empêcher de penser que Dieu était présent. Et pourtant, sur le coup, je ne m’en rendais pas compte ! Ajoutent-t-elles.
Puissions-nous accueillir et garder précieusement en mémoire les instants de notre vie qui ont saveur de Dieu. Instants qui crèvent la surface des jours et s’enracinent hors du temps. Instants qui sont comme les pierres blanches qui jalonnent notre route, et donnent tout leur sens à une existence parfois tortueuse ou erratique.
Les trois dimensions de la foi, foi-croyance, foi-confiance et foi-mémoire sont comme les trois pieds d’un tabouret qui ne tient dans la durée que s’ils sont plus ou moins également consolidés.
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