Le doute-interrogation

Je réponds oui, c’est normal, c’est humain d’avoir des doutes, alors même que nous sommes croyants.

Encore faut-il préciser ce qu’on entend par « doute ». Je viens de perdre une grande amie de la famille à laquelle j’étais très attaché. Il s’agit de Christiane Scrivener, et je pense qu’elle retrouvera là-haut son mari, et son fils unique, Noël, qui était d’ailleurs mon meilleur ami.

Je le pense mais je n’en suis pas sûr.

Quand nous perdons un être-cher, nous nous interrogeons parfois : Est-ce que je le retrouverai « là-haut », et dans quel état le retrouverai-je ? dans l’état où je l’ai vu pour la dernière fois, ou dans la force de l’âge ? ou quand il était jeune ? Nous n’en savons rien.

Mais je n’appellerais pas ça un doute, une interrogation plutôt.

Le doute, cela concerne par exemple la question de la résurrection du Christ; et la nôtre également. Avoir des doutes sur ce sujet ne nous empêche pas d’être croyant, de croire que Jésus est le Seigneur, de venir à la table de communion, et de chercher à faire sa volonté.

Est-ce si facile d’y croire ?

Mais est-ce si facile de croire vraiment, c’est-à-dire avec toute sa raison et tout son cœur, que Jésus Christ est ressuscité, donc vivant, et qu’il est vraiment présent parmi nous, et dans notre vie de tous les jours ? pas si facile !

Avez-vous remarqué qu’autour de nous il n’y a aucun signe visible de la résurrection du Christ ? Où sont-ils les signes visibles de la résurrection ?

Partout se dressent des calvaires aux carrefours de nos chemins de campagne.  Nos édifices religieux sont remplis de croix. Mais où trouver les signes visibles du Christ ressuscité ? D’ailleurs, dans cette Église, y en a-t-il ?

Certes les croix protestantes sont nues, évoquant le Christ ressuscité.  Mais c’est plus une évocation qu’un signe visible.

Dans les Évangiles, il n’y a aucune description de la résurrection du Christ. Je veux parler du processus de la résurrection. On décrit dans le détail le processus de sa passion et de sa mort, mais pas de sa résurrection.

Quant aux preuves, il n’y en n’a pas non plus ! Un tombeau vide ne prouve rien.

La garde des chefs religieux ou des romains aurait très bien pu retirer le corps de Jésus pendant la nuit, pour éviter que la foule ne continuent à vénérer ce dangereux personnage.

Pâques, un non-évènement

Reconnaissons ceci :  d’un point de vue objectif, Pâques est un non-évenement.

Autant la mort du Christ au Golgotha est un évènement, reconnu par tous les témoins de l’époque, autant sa résurrection des morts n’a été reconnue que par une poignée de disciples.

Un tombeau vide, des apparitions dans l’intimité d’une rencontre ou dans le secret de la chambre haute… ce n’est pas grand-chose. Aucun media de l’époque n’aurait relaté quoi que ce soit le dimanche de Pâques. RAS.

Paradoxalement, ce non-évènement a eu par la suite d’énormes conséquences sur l’histoire.

Il a eu un tel retentissement dans l’histoire humaine, que même les historiens agnostiques (j’en ai connu un à Reims) reconnaissent qu’ils ont du mal à expliquer la croissance spectaculaire du christianisme dans l’empire romain aux 3 premiers siècles de notre ère.

Cette croissance spectaculaire, nous qui sommes croyants, nous l’expliquons par la puissance du témoignage des premiers chrétiens, et leur persévérance dans la foi malgré les persécutions. Tout repose sur la foi.

Je reviens donc à la question : est-il si facile de croire en la résurrection ?

Mettons-nous un instant dans la peau des disciples du Christ, il y a plus de 2000 ans.

Croire qu’un homme puisse ressusciter, c’était impossible à vues humaines pour les juifs, et même pour les disciples de Jésus.

Par trois fois, avant de mourir, Jésus leur avait dit qu’il mourrait et ressusciterait le 3ème jour ; ils ne comprenaient absolument pas ce qu’il disait.

Dans notre passage de Luc, les disciples ont cru voir un esprit quand tout à coup Jésus leur est apparu. Ils en furent effrayés dit le texte. On les comprend. Jésus a beau leur dire : « la paix soit avec vous ! », ils tremblent de peur. Jésus tient à les apaiser tout de suite : « pourquoi êtes-vous troublés…voyez mes mains et mes pieds ! touchez-moi … »

Croire que Jésus est ressuscité n’est pas de l’ordre du savoir, mais de l’ordre de la conversion. Ce n’est pas dans la tête que cela se passe, mais dans le cœur.

Pour nous qui n’étions pas là au moment des faits, nous n’avons pas le choix : il nous faut nous appuyer sur le témoignage des autres avant nous, et sur l’éclairage que nous donne l’Esprit Saint.  « Heureux celui qui croit sans avoir vu » avait déclaré Jésus à Thomas (selon l’Évangile de Jean) C’est notre lot.

Un doute plus profond : le doute-méfiance

Il y a une autre sorte de doute, qui est plus profonde, et plus grave, pour notre foi. C’est de remettre en cause la bonté de Dieu.

Les Hébreux au désert se sont mis à murmurer contre Dieu et Moïse en disant à ce dernier : « toi et ton Dieu, tu nous as fait sortir du pays d’Égypte pour nous emmener au désert afin de nous faire périr. »

C’est un exemple extrême. Mais ce doute là, que j’appellerais le doute-murmure,  ou le doute-méfiance, c’est un doute qui creuse un fossé entre nous et Dieu.

Le jour de l’épreuve, je risque de penser :  pourquoi faire appel à Dieu pour m’aider à m’en sortir ? je ne compte que sur moi-même.

Il convient donc de distinguer le doute-interrogation et le doute-méfiance ;

Le doute est-il compatible avec la foi ? Question ambigüe. C’est comme si je demandais : le vin blanc est-il compatible avec le poisson ? Oui, mais pas n’importe quel vin blanc ! Un blanc sec, oui, mais pas le vin doux, qui est servi en entrée avec le foie gras.

Pour conclure : le doute est bien compatible avec la foi, à condition de ne jamais remettre en cause la bonté de Dieu envers nous. Doute-interrogation, oui. Doute-méfiance, non.

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